Portraits

Pour un sol vivant : les couverts végétaux dans nos propriétés familiales.

Publié le 30.06.2021
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Les efforts environnementaux sont au cœur des préoccupations de la famille Castel sur leurs vingt propriétés à travers la France.


Dans une philosophie vertueuse, le directeur technique Cédric Pla et les équipes de chaque château mettent en œuvre une réduction des intrants et un travail du sol repensé, au service de la qualité des vins et d’une viticulture durable.


« Remettre de la vie dans les sols est la base, affirme avec conviction Cédric Pla, car seul un sol vivant peut engranger la matière organique et la restituer à la vigne ». Pour remplacer les traitements chimiques, le directeur technique, les régisseurs et équipes ont redoublé d'efforts avec des procédés novateurs. Ils ont développé le travail mécanique du sol, avec l'objectif de travailler 100% des surfaces, pour éradiquer les herbicides. Pour amener de la biodiversité au quotidien, ils misent aussi sur des couverts végétaux, soigneusement choisis et maîtrisés. 


Encourager la biodiversité

« Historiquement à Bordeaux, dans l’objectif d’avoir un vignoble « propre », la terre était travaillée entièrement, rappelle Ludovic Hérault, régisseur, Château Montlabert. Aujourd’hui les pratiques ont évolué, et nous avons constaté que l’ancienne approche favorisait l’érosion. Au Château Montlabert, nous ne désherbons plus depuis 2011. » Si les enherbements naturels ont longtemps été privilégiés pour favoriser la vie du sol, ils présentaient l'inconvénient, même contenus, d'entrer en concurrence avec la vigne, puisant également les éléments nutritifs du sol pour leur croissance. Pour éviter cet écueil, des couverts végétaux sont implantés entre les rangs de vignes en privilégiant un enherbement bas, le plus souvent un rang sur deux, comme c'est par exemple le cas au Château Montlabert. De l’enherbement deux rangs sur trois peut également être réalisé. 



Faisant vivre la terre de septembre au printemps, ces végétaux captent et stockent l'azote atmosphérique, ensuite rendu au sol lorsqu'ils sont broyés, coupés ou enfouis dans le sol. Très simples à tondre, ils limitent le passage des tracteurs, donc le tassement des sols, préservant ainsi la vie du sol. « En effet, les engrais verts se dégradent grâce au macro et micro-organisme du sol. Cette biomasse minéralise la matière organique et apporte à la vigne les nutriments essentiels à son développement » détaille Cédric Pla.


Vertueuse environnementalement, cette démarche l'est aussi financièrement. Les économies réalisées du fait de la réduction des intrants permettent un investissement humain et matériel indispensable pour une gestion plus performante des sols. Des outils supplémentaires comme des interceps ont ainsi été acquis, nécessaires pour réaliser les cinq à huit passages de rigueur, contre deux lorsque les herbicides étaient usités. D’après Cédric Pla : « Nous travaillons le sol avec précision, choisissant nos outils selon le type de sol, le moment de l'année et les conditions climatiques ».



Pour limiter au maximum l'émission de gaz à effet de serre induite par le travail du sol, des robots enjambeurs électriques « Bacchus » et « Ted » ont été testés. Les vignobles du Château Montlabert et du Château du Lort ont été cartographiés et préparés et sont donc prêt à accueillir les 1ers robots dès qu’ils pourront officier de façon autonome. 


Des engrais 100 % naturels

Parallèlement à l’arrêt des engrais chimiques, des essais ont été lancés l'an dernier à Bordeaux sur les vignobles des châteaux Montlabert, de Haut Coulon, de Goëlane, pour favoriser l'utilisation d'engrais verts, via un système de fertilisation interne à la parcelle. « Tous les semis ont un rôle spécifique mais tous permettent d’enrichir le sol », précise Ludovic Hérault. Une sélection de plantes a peu à peu été opérée par les équipes des propriétés, selon les vertus recherchées et le type de terroir. 


Par exemple, les légumineuses sont privilégiées sur les parcelles où la vigne est moins vigoureuse. Avoine, vesce, féverole et seigle forestier sont ainsi employés pour restructurer le sol et l'enrichir en azote. L'orge permet quant à lui de maîtriser les adventices et lutter contre le chiendent. « Sur une parcelle du Château Barreyres, nous nous heurtons à des blocs de sédiments compactés très difficiles à perforer, qui retiennent l'eau en surface,» explique Cédric Pla. Pour y remédier et percer ces blocs, nous implantons des moutardes ».



Des essais sont aussi menés sur le trèfle souterrain, espèce qui ne monte pas sur les ceps de vigne, mais couvre le sol tel un tapis. Il instaure ainsi une concurrence qui empêche le développement des adventices, et présente aussi l'avantage de se ressemer spontanément. Son utilité s'est notamment illustrée avec force au Château de Haut Coulon, un terroir sensible à l’érosion et délicat à travailler du fait d'une pente de 30%. Cette topographie des lieux rend difficile le passage des tracteurs en temps de fortes pluies, empêchant de travailler sous le cavaillon sur une partie du vignoble. Le trèfle souterrain permet donc de renforcer la structure du sol et de limiter l’érosion, sans concurrencer la vigne. Un des heureux effets secondaires de cette démarche a été de réduire le nombre de passages du tracteur, et donc du bilan carbone.


Dépolluer le sol

« L'agriculture se veut de plus en plus technologique et scientifique et elle doit se mettre au service de la nature et du vivant. Les exploitations doivent être les plus vertueuses et auto-suffisantes possibles », rappelle Cédric Pla. Dans une incessante quête d'amélioration, la direction technique des propriétés familiales optimise perpétuellement son approche en recherche et développement. A cette fin, elle s'est notamment alloué les services de Léa Mazubert, chargée de recherche & développement qui a pour objectif de réconcilier performances écologiques et économiques.



Parmi les tests en cours, les équipes des propriétés familiales cherchent à effacer l'empreinte laissée par l'utilisation des traitements au cuivre, métal très employé en agriculture biologique, connu pour demeurer fixé dans les sols sans se décomposer. Outre une cartographie des résidus de cuivre dans les sols, le Château Montlabert a lancé des essais pour dépolluer les sols via la plantation de végétaux sélectionnés, tels que les soucis. « Ces fleurs captent le cuivre par les racines, puis le métal remonte dans les fleurs, détaille Léa Mazubert. Ensuite, le pied de souci est extrait de la parcelle, puis nous travaillons avec une start-up qui a pour projet d'extraire le cuivre des parties aériennes de la fleur pour recréer du cuivre utilisable. » Pour contrôler l'efficacité de ces travaux, un test surprenant a été réalisé au Château du Lort (Bordeaux). Des sous-vêtements en coton ont été enfouis dans le sol, leur excellente dégradation a attesté d'un sol riche et vivant.


Parmi les propriétés familiales Castel, toutes sont certifiées Terra Vitis à partir du millésime 2019 au moins, à l'exception des châteaux Haut-Coulon (en conversion biologique) et Clos des Orfeuilles (certifié en agriculture biologique). Certaines sont impliquées de longue date dans une démarche environnementale, à l'image du bordelais Château Montlabert ou du Domaine de la Clapière en Pays d’Oc. Ils peuvent faire partager leurs expériences à d'autres qui se sont lancées sur cette voie plus récemment. Par ailleurs, via la certification Terra Vitis, les propriétés bénéficient du réseau Déphy, qui a pour objectifs de Démontrer, d'Expérimenter et de Produire des références sur les systèmes économes en pHYtosanitaires.

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